Phil Buote, 54 ans, de Parkland Country en Alberta, est vétérinaire, et il observe beaucoup de problèmes de santé mentale chez ses collègues. Il s’est inscrit au Défi push-up en 2024 après avoir entendu parler de la récente tentative de suicide d’une personne au travail.
Pourquoi avez-vous décidé de vous inscrire au Défi push-up? J’ai vu passer sur mon fil d’actualité une publication sur le Défi push-up. Cette grande cause, tout comme l’occasion d’améliorer ma condition physique, a piqué ma curiosité. Je ne me suis pas inscrit tout de suite, mais l’idée m’est restée en tête. Les problèmes de santé mentale, notamment le stress et l’épuisement professionnel, ne sont pas rares dans ma profession. D’ailleurs, à ce moment-là, notre association cherchait à mettre en place de nouvelles mesures de soutien pour ses membres. Puis, le 1er février, au travail, j’ai été mis au courant d’une triste histoire. Notre collègue vétérinaire, qui avait des problèmes de santé mentale, avait tenté de se suicider. Cette personne m’avait toujours paru heureuse, engagée, généreuse et gentille. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’inscrire : la réalité bouleversante des effets d’un épisode dépressif majeur sur une personne m’a donné le coup de fouet dont j’avais besoin.
Pourquoi pensez-vous qu’il est si important de se mettre en action pour la santé mentale au Canada en ce moment? Je pense qu’à l’heure actuelle, beaucoup de Canadiennes et de Canadiens connaissent des difficultés, non seulement sur le plan financier, mais aussi à cause d’autres enjeux sociétaux attribuables à la pandémie, aux médias sociaux, ainsi qu’au climat politique et économique. Les gens sont en colère. J’ai deux jeunes fils sur qui je porte un œil attentif afin de déceler tout problème de santé mentale. Je pense que la jeune génération est soumise à une forte pression de réussite, provoquée par les médias sociaux. Je suis très heureux qu’on normalise enfin les problèmes de santé mentale et les conversations à ce sujet. Je trouve formidable que mon fils se sente à l’aise de me parler de l’aide professionnelle qu’il reçoit. Je n’aurais pas eu ce genre de conversation avec mon père il y a 30 ans.
Comment votre carrière de vétérinaire a-t-elle influencé votre vision de la santé mentale? Lorsque j’avais une pratique clinique, j’avais du mal à gérer les situations difficiles. J’utilisais le seul outil que je connaissais : me résigner et faire de mon mieux. Et quand je n’y arrivais pas, je devenais de mauvaise humeur, je m’emportais ou je me tournais vers des mécanismes d’adaptation malsains. Heureusement, j’étais bien entouré et je me tenais physiquement actif. J’aurais toutefois pu mieux m’en sortir si j’avais su reconnaître et gérer les difficultés liées à la pratique. Lorsque j’ai commencé à travailler pour notre association provinciale, j’étais mieux outillé pour comprendre la santé mentale et en parler. J’ai suivi un cours de premiers soins en santé mentale, et j’ai appris à normaliser les discussions avec les membres sur les ressources dont elles et ils disposent pour soutenir leur mieux-être au travail. Dire un mot gentil. Reconnaître les difficultés que mes collègues peuvent rencontrer dans la pratique. Voilà des gestes simples susceptibles de faire beaucoup de bien.
Quels ont été les aspects positifs de votre participation au Défi push-up? J’étais heureux de savoir que le Défi ciblait deux objectifs principaux : la collecte de fonds en faveur de la santé mentale et de la prévention du suicide, et la sensibilisation. Et j’ai amélioré ma condition physique grâce aux objectifs quotidiens. Je pense que le Défi était très bien structuré pour favoriser la réussite des personnes participantes. Les faits du jour sur la santé mentale ont permis d’alimenter les conversations sur les médias sociaux.
Avez-vous déjà vécu des problèmes de santé mentale? Je pense que nous devons toutes et tous relever des défis liés à la santé mentale, qu’ils soient d’ordre relationnel, financier ou professionnel. Certaines personnes parmi mes proches et mes collègues ont vécu des difficultés bien plus graves que les miennes. Par le passé, j’ai eu recours à de l’aide professionnelle pour gérer des situations éprouvantes, et j’encourage mes proches à faire de même au besoin. Je pense qu’il est essentiel de reconnaître que les défis et le stress font partie de la vie. Traverser ces moments difficiles peut être une grande source de satisfaction. Une vie sans stress, c’est plutôt ennuyeux. D’un point de vue professionnel, c’est ce à quoi nous nous engageons en tant que vétérinaires. Il faut être solides pour veiller à la santé et au mieux-être des animaux. Les vétérinaires doivent en effet composer avec des questions de vie et de mort, en plus de traiter avec une clientèle qui subit un grand stress. C’est d’ailleurs en aidant nos clientes et nos clients à traverser ces moments difficiles que la magie opère. La différence aujourd’hui, c’est que les membres de la profession connaissent l’importance de veiller à leur bien-être. Comment aider les autres si nous ne nous sentons pas bien nous-mêmes?
Pourquoi pensez-vous qu’il est important de recueillir des fonds pour soutenir le travail de l’ACSM dans le domaine de la santé mentale? Je sais qu’en général, les programmes liés à la santé, comme ceux qui visent à soutenir la santé mentale, sont sous-financés par les gouvernements et que des collectes de fonds auprès du public sont nécessaires. Ce manque de financement gouvernemental est absurde : veiller à la bonne santé mentale des gens a de nombreux effets bénéfiques sur la santé, ce qui contribue à réduire les coûts de santé dans d’autres domaines. Je pense que la structure du Défi push-up, qui permet aux personnes participantes de choisir leur filiale locale de l’ACSM comme bénéficiaire de dons, est ingénieuse. Je crois aussi qu’il est extrêmement utile de sensibiliser les gens aux problèmes de santé mentale et que cela va de pair avec les efforts de collecte de fonds.
Que diriez-vous à quelqu’un qui envisage de relever le Défi push-up en 2025? Faites-le. Et faites-le en équipe. J’ai suscité beaucoup d’intérêt à l’égard du Défi au sein de la communauté vétérinaire, et je compte faire partie d’une équipe ou d’une communauté en 2025.
Si vous pouviez transmettre à notre communauté un dernier message sur la santé mentale, quel serait-il? Nous éprouvons toutes et tous des problèmes de santé mentale, et il est bon d’en parler et de demander de l’aide.
Lisez d’autres témoignages d’expériences vécues de Canadiennes et de Canadiens qui ont été touchés par les répercussions des troubles de santé mentale ici. Inscrivez-vous au Défi push-up ici. |